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Édition du jeudi 1er juin 2017
Emploi

Les bons salaires des diplômés tirent vers le haut les autres salaires du même territoire

Pourquoi est-on mieux payé à Grenoble qu’à Limoges ou à Marseille qu’à Béziers ? En 2012, le salaire horaire net moyen se situait à 13,9 euros, soit 1,9 fois le Smic, mais il variait quasiment du simple au double selon la zone d’emploi. « Plusieurs hypothèses sont généralement avancées », pour expliquer de tels écarts, souligne l’organisme de réflexion France Statégie dans une note publiée ce mois-ci.
Si la densité des activités économiques explique pour partie ces écarts de salaire entre territoires, elle ne constitue pas cependant la seule explication. « Sans nier l’existence du fait métropolitain », ces différences de salaire « proviennent en bonne partie d’effets de capital humain : plus la part des très diplômés dans la population d’une zone est importante, plus les salaires sont élevés, à catégorie socioprofessionnelle donnée », relève France Stratégie. Selon les estimations de l’organisme, une hausse de 1 point de la part des diplômés du supérieur long dans la population d’une zone d’emploi induit une augmentation du salaire net moyen de plus de 0,6 % pour les cadres, de l’ordre de 0,5 % pour les professions intermédiaires et d’environ 0, 3 % pour les employés. La concentration de diplômés tire donc tous les salaires à la hausse. Cela tient pour partie aux interactions directes des travailleurs qualifiés entre eux et le reste de la population qui favoriseraient la diffusion des connaissances et innovations ainsi que des mécanismes d’apprentissage « sur le tas ». Autre explication : un effet de complémentarité entre les travailleurs les plus qualifiés et les moins qualifiés. Une forte densité de travailleurs qualifiés peut accroître en effet la demande de services spécifiques (garde d’enfants, restaurants, loisirs, etc.) et tirer ainsi à la hausse les salaires de ces professions.
Sans réelle surprise, la carte des zones d’emploi où le nombre de diplômés est le plus élevé recouvre à peu près celle des zones d’emploi les plus denses, à savoir les grandes agglomérations et métropoles. A l’inverse, note France Stratégie, la carte des zones d’emploi à faible ratio de diplômés se distingue nettement de celle des zones d’emploi les moins denses. Ainsi, alors que ces zones où l’emploi est le moins présent se trouvent pour l’essentiel autour d’une diagonale sud-ouest/nors-ouest, les zones comptant le moins de diplômés du supérieur long se situent plutôt dans la partie nord du pays et sont davantage dispersées sur le territoire.
Si la concentration d’une population qualifiée a des effets positifs sur l’ensemble de l’économie locale, l’effet de densité peut avoir, a contrario, un effet négatif sur le niveau moyen des salaires. Cela peut venir d’effets de congestion ou de la difficulté à installer dans ces zones certaines activités économiques, victimes d’effets de saturation : encombrement des réseaux de transport, majoration du prix du foncier ou de l’immobilier, pollution, etc., explique encore France Statégie.
En définitive, conclut l’organisme de réflexion, si la prime salariale liée à la concentration des diplômés est importante, il faut souvent la mettre en perspective avec le surcoût de la vie en zone dense : transports et logement, notamment.
C.N.

Télécharger la note d’analyse.

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